Le panorama fait environ 150 x 45 degrés. Horizontalement, il balaye le lac quasiment d’un bout à l’autre, d’Est en Ouest. Verticalement, il part du bas de la ville pour aller un peu au-dessus des plus hauts sommets afin de les laisser « respirer », en passant par le lac. Quasiment plein Sud, les montages ne sont que rarement éclairées par le soleil. Une difficulté supplémentaire.

Après le lieu idéal, me voici en quête de l’horaire idéal. À l’aide de l’application Sun Surveyor et du site Sunearth Tools, j’effectue diverses simulations.

Deux options.

1/ Travailler à « midi au soleil » avec comme inconvénient d’écraser le relief. La ville va se retrouver aplatie. Mais avec comme avantage be bénéficier d’un meilleur éclairage des montagnes ? Pas totalement : en piètre astronome, je découvre qu’au solstice de printemps, le jour où le soleil se trouve le plus haut, alors qu’il est à 90 degrés à l’équateur — à la verticale, donc, ou si vous préférez « au zénith » comme le chantait Gainsbourg —, sous nos latitudes, il ne dépasse pas les 60 degrés.

2/ Travailler en fin de journée… sachant que je suis tributaire des horaires de la cathédrale. Si elle ouvre à 9h30 toute l’année, il faut être redescendu pour 18h30 d’avril à septembre et pour 17 h d’octobre à mars.

À cette heure-là, le soleil couchant éclaire les massifs montagneux de biais. La lumière est plus intéressante. Je retiens cette option. Par contre, sur la droite, c’est-à-dire vers l’Ouest, le soleil vient taper dans l’objectif et ses reflets sur le lac sont violents. J’envisage d’effectuer une prise supplémentaire un matin, qui ne servira que pour cette portion du panorama — car du coup, c’est la partie gauche, à l’Est, qui se retrouve surexposée… soleil rasant oblige. Pour qu’il ne soit tout de même pas trop bas, il faudra réaliser cela en été.

Un an et quelques milliers de marches plus tard, me voici à la tête de dix prises exploitables. J’en retiendrai six : une à l’automne, deux en hiver, une au printemps, deux en été. Lors de la première, j’installe le trépied de façon à pouvoir aisément repérer sa position par rapport aux aspérités des pierres sur lesquelles il repose. Cela permettra de le replacer au même endroit lors des prises suivantes. Pour me faciliter la tâche, je prends soin d’en photographier… les pieds

Par ailleurs, du fait que la photo ne comporte pas d’avant-plans, les erreurs de parallaxe sont réduites à néant. Un réglage approximatif du point nodal suffit. Quant à la hauteur, elle est toujours quasiment la même : trépied déplié au maximum pour plonger, par dessus le muret, aussi bas que possible sur la ville.

Le point en haut à gauche

Le cursus d’apprentissage nécessaire au maniement de l’Epic Pro n’est pas bien long. On la paramètre en lui indiquant la focale de l’objectif, le pourcentage de superposition des photos désiré, le point de départ (en haut à gauche), le point d’arrivée (en bas à droite)… et la tête se débrouille ensuite pour prendre la série de clichés.

Le point en bas à droite

On peut aussi choisir le sens de balayage : rangée par rangée ou colonne par colonne. J’opte pour cette seconde formule sachant qu’il faudra de toute façon, si l’on veut éviter les problèmes de raccord, en particulier au niveau des nuages et des ombres qu’ils projettent sur le lac, mais aussi des vagues à sa surface, éviter de travailler les jours de grand vent.

Je programme quelques secondes de pause avant chaque photo, c’est-à-dire après que la tête se soit déplacée. Ceci afin qu’elle se stabilise. Pour éviter le flou de bougé dû aux vibrations de l’appareil au moment de la remontée du miroir, je choisis le mode « verrouillage » : le miroir va se lever avant, et non pas au moment du déclenchement. Enfin, comme pour tout « panorama », ouverture et vitesse doivent être fixes.

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La tête Epic prendra 198 photos : 22 rangées x 9 colonnes. En une petite demi-heure.

On évolue en maintenant la souris enfoncée tout en la déplaçant, ou encore au moyen des touches du clavier (flèches haut/bas/droite/gauche), ou encore en cliquant sur celles qui s’affichent à l’écran. Accès plein écran conseillé… via le pictogramme en bas à droite — celui juste à gauche du copyright. Compatible smartphones/tablettes. Fonctionne également avec un casque de réalité virtuelle.