Fraichement installé dans son nouvel appartement de Lausanne, mon ami Jacques reçoit une visite.

Jacques : « Alors, comment trouvez-vous l’endroit ? »
Le visiteur : « Magnifique. Mais quel dommage d’habiter Lausanne et de ne pas avoir vue sur le lac. »
Jacques : « Je ne l’ai pas… mais si vous insistez, je l’aurai ! À défaut d’aller vers le lac, le lac viendra à moi. »

Peu après… au téléphone.

Jacques : « J’ai une mission à vous confier. Pourriez-vous prendre une photo du lac ? Je voudrais la faire imprimer et la mettre au mur« .
Moi : « Rien de plus facile ! Quelle taille ? »
Jacques : « Huit mètres sur trois« .
Moi (après un instant de silence) : « Huit mètres sur trois ? Mais c’est gigantesque ! Laissez-moi réfléchir…« 

En théorie, pour une impression de qualité optimum, on préconise une résolution de 300 dpi (dot per inch). C’est-à-dire de 300 pixels par pouce (2,54 cm). Avec mon Nikon D600 et ses 24 mégapixels (6 016 x 4 016 px), on peut ainsi obtenir un format d’au plus 51 x 34 cm. Dans le cas qui nous concerne, en l’occurrence pour parvenir à cette même résolution en 8 x 3 m, soit 314,96 x 118,11 pouces, l’image devrait « mesurer » 94 488x 35 344 pixels. Cela représente 3 339 612 147 pixels — un peu plus de trois gigapixels.

La solution ? Travailler au téléobjectif et prendre autant de photos que nécessaire pour couvrir toute l’image. Plus la focale sera longue et plus il en faudra. On les assemblera ensuite à l’aide d’un logiciel spécialisé tel PTGui, Autopano ou Hugin.

Afin d’en réduire le nombre, j’acquière un D810 qui bénéficie d’un capteur 36 mégapixels (7 360 x 4 912 pixels). Idéalement, pour pouvoir être « raccordées », les photos doivent se chevaucher d’environ 20 à 30%. Avec mon zoom 180 mm — AF Nikkor 180 mm 1:2.8 —, il en faudra 198 : 22 rangées x 9 colonnes. Nous voici à la tête d’un fichier d’environ 100 000 x 30 000 pixels, soit 3 gigapixels. Au format .tif non compressé, il pèse un peu plus de 8 Go.

Pour mes calculs, j’utilise Panorama Calculator. Cette application web permet de déterminer le champ de vision — FOV, pour Field of View — d’un objectif à partir de sa focale/de la taille du capteur, mais aussi le nombre de photos requises pour la réalisation d’un panorama de « x » degrés avec « y% » de chevauchement entre ces photos.
http://www.hdrlabs.com/tools/panocalc.html.

Avec un si grands nombre de photos et de si petits déplacements, impossible d’utiliser une tête manuelle. Ce n’est pas assez précis. Un modèle motorisé s’impose. Mon choix se porte sur l’Epic Pro, qui bénéficie d’un excellent rapport qualité/prix.

La tête motorisée Epic Pro

Reste à trouver d’où réaliser les prises. Jacques et moi partons en repérage à la recherche d’un emplacement qui surplombe Lausanne, le lac et les montagnes. Notre première idée : monter au Sauvabelin. Point culminant, vue magnifique… mais paysage trop éloigné.

Test à l’iPhone au Sauvabelin

Nous redescendons parcourir la ville haute et ne mettons pas longtemps à dénicher le lieu idéal : la cathédrale Notre-Dame. Quelque 160 marches plus tard, nous voici en haut de la Tour du Beffroi, au troisième étage… à près de 70 mètres. Un panorama à couper le souffle. L’évidence s’impose : c’est de là qu’il faut prendre les photos. Ou plutôt la série de photos. Où plutôt les séries de photos, car dans l’intervalle Jacques, dont l’imagination déborde, considérant sans doute que l’exercice n’est pas assez périlleux, y ajoute une difficulté supplémentaire et non des moindres.

Jacques : « J’aime le lac en toute saison. Chacune à son charme et je n’arrive pas à me décider. Ne pourrait-on pas, sur la photo, avoir un peu d’automne, d’hiver, de printemps et d’été ?« .
Moi (après un instant de silence) : « Cela doit être possible. Laissez-moi réfléchir…« 

Après le concerto de Vivaldi et les pizzas, voici le panorama quatre saisons…

On évolue en maintenant la souris enfoncée tout en la déplaçant, ou encore au moyen des touches du clavier (flèches haut/bas/droite/gauche), ou encore en cliquant sur celles qui s’affichent à l’écran. Accès plein écran conseillé… via le pictogramme en bas à droite — celui juste à gauche du copyright. Compatible smartphones/tablettes. Fonctionne également avec un casque de réalité virtuelle.